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« Bagrock To The Masses » (2007) - Red Hot Chilli Pipers

Le groupe a été créé en 2002 en Écosse, avec un nom évidemment parodique évoquant le groupe de rock presque du même nom. Leur site internet poursuit d'ailleurs cet effet clin d'œil en osant une autoproclamation qui peut faire penser à un autre groupe : …THE MOST FAMOUS BAGPIPE BAND ON THE PLANET – EVER!… je vous laisse le soin de deviner lequel…
Bien. Revenons à la musique. D'un côté du ring, nous avons section rythmique et autres guitares et claviers, de l'autre de un à trois pipers (cornemuse écossaise des Highlands) avec un ou des sonneurs de caisse claire… et au milieu coule une rivière ma foi remarquablement fusionnelle tout en respectant les « codes » des deux styles en question (rock et celtique) : c'est suffisamment rare en rock celtique selon moi pour être souligné.
Fort de plusieurs albums studio et live comprenant de nombreuses reprises de hits internationaux, le succès des RHCP les a conduits à mener plusieurs tournées à l'étranger.

Cet album dédié au son bagrock (fusion bagpipe et rock) est leur second opus, comportant pas moins de seize titres dont certains sont des prises live. Voilà bien le défaut de cette galette : une pléthore de titres qui certes témoigne d'un savoir-faire mais aussi d'une production un peu orgueilleuse (à croire que l'humour revendiqué n'est pas que de l'auto-dérision…).
Ainsi, plusieurs pistes ont un mix perfectible, des arrangements minimalistes et une rythmique sans imagination. La reprise de Flower Of Scotland est une fois encore médiocre, faute à une batterie hyper-lourde et à un chant lead sans expression (heureusement ce sera la seule expérience de ce type sur l'album) : The Corries ne sont pas près d'être remplacés…
Face à ces erreurs de balance, surmixant la batterie en particulier, on constate que la cornemuse fait toujours aussi peur : cette réputation est malheureusement sur-faite dans le cas d'un groupe de scène et amène à placer les autres instruments souvent à un niveau non naturel… Dommage.
Cela dit, les autres titres, c'est-à-dire l'essentiel de l'album, sont le fruit d'une fusion réussie; si les reprises de hits (We Will Rock You, Smoke On The Water, etc…) ne sont souvent là que pour le clin d'œil, les autres titres - en particulier traditionnels - voient éclater la qualité des instrumentistes. On ne s'ennuie pas, l'émotion est souvent là et on a effectivement bien du rock à la sauce celtique ou du celtique à la sauce rock. Enjoy!

Ma sélection :

- The Chilli Time! - You're The Voice (track 2) : batterie mixée 80’s en intro, bof… voix celtiques en chœur, inattendues, puis les cornemuses déboulent sur un très joli thème qui fait oublier une équalisation de batterie assez laide; les voix gaéliques façon Héritage des Celtes continuent avec bonheur; le second thème rapide permet de reléguer la batterie au second plan et d’offrir un bon mix; la cornemuse lead est au top sur un thème totalement rock très réussi; la 3ème partie arrive dans un effet de fondu intelligent avec les voix pour un final réussi avec la ou les caisses claires,

- Jazz Bagder (track 5) : riff clavier intelligemment mené avec une batterie dont la caisse claire est encore agressive puis le pipe vient participer au groove de belle manière; superbe morceau fusionnel avec un clavier qui répond admirablement au pipe et qui fait le show à son tour; excellent de bout en bout,

- The Dark Island (track 10) : clavier-orgue en intro puis effets électro subtilement distillés sur ce thème magnifique à la cornemuse; léger break bienvenu avant le retour du piper cette fois accompagné par un beat non invasif et de jolis et discrets chœurs gaéliques jusqu’à la fin; l’ensemble est un poil trop linéaire mais, outre le superbe jeu du piper, est une splendide respiration dans l’album,

- Hey Jude - The Mason's Apron (track 11) : en voici une de cover (The Beatles) ! Du rock celtique à son meilleur ici avec une belle alternance entre les deux thèmes; chorus à l’orgue, jouissif, avant un autre développement du 2ème morceau. Réussi et fusionnel jusqu’au final classique d’Hey Jude, complètement à sa place avec des chœurs réussis, des pipes à l’avenant et un orgue-clavier qui est la star de cette track,

- The Hills Of Argyll (track 13) : enregistrement live cette fois; piano et cornemuse très épurés, son propre et mix agréable, superbe mélodie que je vous laisse aussi découvrir sur le site; break guitare toujours dans le même esprit très posé et détendu; une batterie bien équalisée; le second break nous offre un magnifique chorus de guitare doublé par le pipe avant que la guitare - sous-mixée malheureusement par rapport aux drums - ne se lâche; puis retour final des pipes avec caisses claires. Excellent titre à l’émotion/énergie croissantes. Une réussite sans fioritures, jusqu’à la dernière note.

Les extraits videos présentés sont issus de concerts et peuvent donc présenter des différences d'arrangements, d'interprétation et de mix avec les titres de l'album.

Rock Celtique - 1

« Nerzh » (2019) - Bagad Kemper & Red Cardell

Le groupe breton Red Cardell formé en 1992 est difficilement étiquettable : il évolue avec talent au sein de nombreux styles allant du rock à la chanson française, de la musique traditionnelle bretonne au blues, du folk au punk en passant par des accents électro et world music… Ce qui le caractérise le mieux et en particulier son « pilier » solidement installé au lead vocal (Jean-Pierre Riou) est un goût prononcé pour les métissages musicaux.
La collaboration avec le bagad de Quimper qui va presque de soi pour ces deux représentants du Finistère n'en est pas à son premier essai et a donc trouvé une nouvelle illustration avec cette galette sortie pour les 70 ans dudit bagad.
Voici donc un album compact (8 titres) et assez homogène, construit autour des compositions du bagad. La surprise en demi-teinte vient du chant assez absent puisqu’on a surtout affaire à de la voix parlée : on perd une partie de l'attrait majeur de Red Cardell, savoir la personnalité vocale de son leader, celui-ci s’effaçant souvent devant le nombre.
De fait, cet opus manque de rock alors que les quelques titres qui jouent bien la carte de la fusion sont très réussis. De même, on manque de surprises au niveau des arrangements qui sont surtout axés sur le déroulé classique des titres de bagad.
Les thèmes choisis sont par ailleurs assez convenus : on espérait un peu plus en termes de compos.
Reste un impérial savoir-faire du bagad, section bombardes en particulier, qui explosera pour un public avide de rythmes et sons bretons et frustrés d’une édition 2020 du FIL…

Ma sélection :

- Un Grain (track 3) : évidemment la référence à Stivell voire à d'autres groupes est sans surprise; son Pop Plinn n'a pas fini de faire des petits… JP Riou retrouve ici les accents rock qu'on lui connaît; le groove et le thème participent à faire de ce morceau un tube en puissance ponctué d'un superbe final bagad dans une belle fusion stivellienne (sic),

- Un Nouveau Monde (track 5) : retour sur les ambiances introspectives de l'album Rock’n’Roll Comédie (2000) puis le bagad prend la main grâce à un très joli développement aux cornemuses souligné par de superbes bombardes graves; joli groove - avec une superbe basse - construit autour de magnifiques thèmes bagad. On en oublie le propos du chant mais la fusion est quand même réussie même si on aurait pu insérer un arrangement supplémentaire et plus rock en guise de conclusion,

- Au Milieu De Nulle Part (track 6) : ambiance instrumental blues avec un joli duo mené par une magnifique bombarde; le balancement groovy entre basse, guitare et bombarde est excellent. On a droit à une fausse fin débouchant sur un thème de gavotte; puis le chant arrive et alterne avec la gavotte; le groove est toujours solidement présent dans cette gavotte rock illustrée par une rythmique qui définit bien Red Cardell : des titres à tendance rock pouvant parfaitement se décliner en danses bretonnes.

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