Partitions bretonnes

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- une poche en cuir (plus grande que celle du binioù),
- trois souches fixées dans la poche pour accueillir les tuyaux,
- un pied de veuze ou chalumeau, de perce conique, lui aussi plus long que celui du binioù; il est presque systématiquement orné de cannelures à sa base (c’est une des signatures majeures de l’instrument) et équipé d’une anche double en roseau; c'est sur ce tuyau qu'on jouera la mélodie,
- le bourdon, constitué d'un tuyau unique (parfois deux), alto ou basse (deux octaves sous le chalumeau), à anche simple battante, produisant une note unique d'accompagnement de la mélodie (en valeur absolue, sur la note tonique ou la dominante du pied de veuze),
- le tuyau du porte-vent pour insuffler l’air dans la poche.
On utilise toujours le buis mais aussi l'ébène du Mozambique. Les bois peuvent encore être ornés de représentations zoomorphiques (animaux fantastiques par exemple).
La Veuze a été recréée en l'absence d'enregistrements sonores; il a donc fallu faire des choix :
- de puissance située entre celle des cornemuses du Centre France et celle des binioù bras ou kozh
- de tonalité, du LA au DO, sachant que les dix chalumeaux anciens retrouvés s'étagent du SI bémol au DO.
La Veuze est comme le binioù une cornemuse d'aujourd'hui, solidement implantée dans l'univers musical.

Atelier Hervieux - Rieux (56)

Un album : « Sonneurs de Veuze en Bretagne et Marais Breton Vendéen » (1988) - coproduit par Dastum & ArMen

… Difficile d'apporter une réponse claire car les pistes sont nombreuses. Pour n'en citer que deux, on peut lui trouver une parenté (par exemple dans ses formes écrites vèze ou vèse) avec le mot vessie : toutefois, même s'il semble que cet organe - comme la vessie de porc - ait été utilisé pour la poche de certaines cornemuses, ses dimensions sont plutôt incompatibles avec la taille observée dans l'iconographie disponible. On peut y voir le mot breton beuz désignant le buis fréquemment utilisé dans la confection des tuyaux. En breton, nous rencontrons une caractéristique essentielle des langues celtiques avec la mutation de certaines lettres selon leur environnement de phrase : ainsi la lettre b mutera vers v (mutation adoucissante), pouvant faire naître le mot veuze. C'est en tout cas cette dernière graphie qui a été choisie lors de la renaissance de l'instrument.
Il est aussi difficile de s'y retrouver dans les sources écrites : au moins jusqu'au XVIIIème siècle, on trouve beaucoup de mots différents, en particulier vèze et binioù, qui pouvaient désigner le même instrument… sauf le binioù breton dont la création remonte seulement à la fin XVIIIème : plus petit par plusieurs aspects, le binioù - qui joue une octave au-dessus - a d'ailleurs fini par supplanter la Veuze dans le duo avec bombarde.
De quoi se compose l'instrument?

Jean-Marie Renaud (La Barre de Monts - Vendée)
Mes pieds de veuze (DO,LA,SOL) et levriad SOL de binioù

Une cornemuse bretonne et vendéenne
Voici sans doute l'instrument le plus proche des cornemuses jouées en Europe continentale au Moyen-Âge. Par la suite, à l'instar d'autres instruments comme la bombarde, son aire de jeu s'est restreinte : au XIXème siècle la Veuze n'était plus pratiquée que dans le Pays Nantais et le Marais Breton-Vendéen. Puis au XXème siècle, entre les deux guerres mondiales, la pratique de la Veuze finit par disparaître, en partie sous l'impulsion de l'accordéon voire du binioù bras. Le dernier veuzou (joueur de veuze) s'éteint en 1948…
On retrouve ensuite Dorig Le Voyer (1914-1987) - cité au chapitre bombarde - qui fabriqua les premières veuzes modernes, en partie grâce à des recherches menées par Jean Villebrun. Cette renaissance de l'instrument sera parachevée dans la seconde moitié du XXème siècle en particulier par Thierry Bertrand et l'association des Sonneurs de Veuze créée en 1976.
Mais d'où vient ce mot veuze?

La Veuze

Levriad binioù vs. Chalumeaux de veuze
Cannelures d'un pied de veuze