Conçu et réalisé par Eric Maclewis
© ericdentinger.com
2008-2025
1. CANNTAIREACHD
“If you cannot sing it, you cannot play it”
(Si vous ne pouvez pas le chanter, vous ne pouvez pas le jouer…)
On rappellera tout d'abord que le Pibroch est une musique sans improvisation où tout est “écrit”, notes mélodiques et notes d'ornementations.
Cela étant, il ne s'agit pas de partitions, tout du moins à l'origine…
N'oublions pas que nous traitons ici de culture celtique qui se transmettait uniquement oralement, y compris donc s'agissant des airs de cornemuse. Le chant bien sûr tenait une place essentielle dans ce processus.
Les pipers ont donc mis au point une technique syllabique de mémorisation des airs et de leurs ornements, baptisée Canntaireachd, mot gaélique désignant à la base l'acte de chanter puis donc par extension une méthode de mémorisation des morceaux de pibroch.
Le Canntaireachd, de par son ancienneté, est probablement le plus proche de ce qui était joué lors de l’âge d’or (cf. page 1), qu'il s'agisse de l'air en lui-même ou encore de son expression.
Il s’agit ici de savoir chanter l’air en mémorisant ces différentes syllabes avant de passer sur l’instrument…
Dans ce cadre, les voyelles sont utilisées pour les notes mélodiques alors que les consonnes servent pour les ornements.
Ecoutez cet exemple sur la video ci-dessous présentant l'air “The Prince's Salute”:
Le Canntaireachd permet de reproduire et donc de conserver la musicalité de ces airs, musicalité qui a été peu ou prou mise à mal par l’effort de standardisation lié à la mise en partitions : les indications rythmiques portées sur une partition (armures, valeurs des notes, phrasés, etc…) peuvent se révéler assez éloignées de l’expression originale ou en tout cas ne permettent pas de la connaître avec précision.
Chaque syllabe chantée peut d'ailleurs être interprétée de plusieurs façons, ce qui est évidemment impossible avec les valeurs de notes présentes sur une partition.
Comment connaît-on le Canntaireachd?
Au XVIIIème siècle, signe de l'évolution des temps, il est apparu nécessaire d'écrire le Canntaireachd sans doute pour mieux le conserver et le transmettre. Ce fut réellement le premier pas décisif et d'importance vers la rupture avec la tradition orale, vers les partitions et la standardisation qui les accompagne.
L'ouvrage de référence est le Campbell Canntaireachd (CC) ou Nether Lorn Canntaireachd paru en 1797 : composé à l'origine de trois volumes dont le troisième demeure encore introuvable aujourd'hui, il contient 169 airs.
Redécouvert en 1909, il a permis de renouer le lien avec la tradition orale en éclairant l’interprétation des partitions de Pibroch mais aussi en retrouvant plusieurs airs (70) qui avaient été “oubliés” au moment de la transcription en partitions…
Ce recueil a été réalisé par Colin Mór Campbell, piper en Argyll.
Parallèlement au travail de collectage effectué, Il s’inspire sans doute aussi d’un traité de Canntaireachd antérieur, celui des MacCrimmon, qui a vraisemblablement aussi été repris dans le système publié par Neil Macleod of Gesto.
Le PIBROCH aujourd'hui : Trophée Donald MacLeod (île de Lewis)